Comme nous l’avons vu dans la première partie, dans sa classique version papier, le livre incarne depuis des siècles le savoir et la sagesse de l’humanité. Mais ce fardeau n’existe que par la confusion faite entre le message écrit et son valeureux support. Si l’on fait abstraction de cette confusion apparente, le livre papier reste-t-il malgré tout le média de diffusion de premier choix ?
Partant du constat que presque 100 % des écrivains préfèrent ce format, et que de 80 à 90 % des lecteurs le plébiscitent (certaines études ont montré que 78 à 90 % des Français déclarent qu’ils ne liront jamais de livre numérique), pourquoi se poser encore des questions sur le choix de diffusion ?
Pour une seule raison, le nerf de la guerre, c’est l’argent. De tous les médias disponibles, le livre physique reste le plus cher à produire, et cela malgré un marché rodé depuis des siècles. L’expérience, les circuits de fabrication et de diffusion bien huilés, les frais de développement largement amortis, rien n’y fait. Un livre papier coûte bien plus cher que son équivalent virtuel.
Pourquoi ? Parce que le livre physique, outre sa fabrication engendre d’énormes problèmes de logistique. Il faut d’abord évaluer le tirage. Trop d’invendus coûtent cher en pure perte, et trop peu de disponibilité étrangle les ventes. La réimpression implique des délais inutiles et les rééditions multiples induisent plus de frais qu’une édition unique à la juste quantité. Les frais de stockage et d’acheminement du stock ne peuvent être évités. Les frais de port d’un colis chez l’acheteur grèvent aussi le bénéfice final.
Et quand l’éditeur doit faire face aux retours contractuellement obligatoires sur un ou deux ans, il garde en permanence une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
Cet aspect économique à lui seul explique la réticence des éditeurs à se ruer tête baissée (pour éviter l’épée susmentionnée ?) dans l’édition d’auteurs et d’ouvrages qui ne lui garantissent pas une rentabilité minimale.
Le livre papier, plus qu’un choix, un but
À ce stade, on se rend compte que la question de cet article est (volontairement) mal posée. La diffusion de votre oeuvre sous forme de livre imprimé, sans doute votre voeu le plus cher, n’est pas votre choix, mais votre but ultime.
Celui qui choisit vraiment, c’est l’éditeur qui devra prendre le risque de financer ce projet.
Mais s’il le fait, c’est qu’il y croit. Et s’il y croit, votre projet est donc crédible. C.Q.F.D.
Se faire publier par un éditeur dans le circuit traditionnel est donc une reconnaissance, un award, un diplôme, une certification de qualité enfin reconnue… enfin au moins par l’éditeur.
Il reste possible de publier à compte d’auteur, via une palette d’aide de sous-traitants, s’il on veut passer outre le filtre d’un éditeur. D’autres articles futurs traiteront de ces aspects. Mais n’oubliez jamais qu’en plus de financer vous même la totalité de l’investissement, vous vous privez d’un regard professionnel d’une valeur inestimable.
Rater le coche ? Est-ce possible ?
Certaines voix annoncent un futur incertain pour l’édition traditionnelle. Le livre, selon eux, devrait disparaître à plus ou moins brève échéance. L’auteur débutant doit-il craindre la disparition du livre avant d’avoir la chance de publier le sien ? Le drame !
Rassurez-vous, le livre papier n’est pas un animal en voie d’extinction et il ne sera jamais totalement remplacé par les autres modes de diffusion. On annonce depuis des années la fin des journaux au profit des news en ligne. Mais, si de grandes restructurations se succèdent, la presse quotidienne est toujours là grâce aux innombrables lecteurs irréductibles. Pourtant, publiant des informations au cycle de vie très bref et actualisées par définition chaque jour, ce secteur d’activité est infiniment plus adapté à un mode de consommation virtuel que le roman.
Les chiffres montrent un réel redéploiement des parts de marché des médias, mais la tendance montre déjà des signes de ralentissement indiquant que l’on approche d’une répartition stable et durable.
Une partie du lectorat va s’adapter au livre virtuel. Une partie de l’édition passera sans doute pour des décades encore par le traditionnel livre papier. Certes, les auteurs débutants auront plus d’une chance de passer par la case « publication en ligne », puis « livre virtuel » avant d’accéder un jour au Graal, la reconnaissance suprême et voir son nom imprimé en grand sur la couverture souple d’un pavé de papier savant.
Un parcours étape par étape, couche par couche… une page après l’autre.
Où en sommes-nous dans notre série d’articles ?
Série « Publier sous quelle forme ? »
Introduction : (12/11/2012)
Le livre papier : Partie 1 – Partie 2 (le présent article)
Publier en ligne
L’eBook sous toutes ses formes
L’ePub sous toutes ses formes
Les médias pour textes courts
Synthèse : comment faire votre choix ?
À bientôt pour notre prochain thème : Publier en ligne
En attendant, je vous invite à indiquer dans vos commentaires votre sentiment face à cette question : éprouveriez-vous un sentiment d’échec si vos écrits n’étaient jamais publiés en véritable livre ?
Nous aimons le visuel, beau de surcroît, alors un livre papier a sa place privilégiée.
Une remarque sur les origines du livre : à l’époque du papyrus et autre parchemin, la puce électronique n’était pas encore connue. Attendons alors pour voir l’évolution dans le domaine de l’édition. Il suffirait que quelques grands noms publient en numérique pour que cela devienne un standard. Ainsi va le monde.
Les éditeurs censés envisagent déjà toutes les déclinaisons numériques pour s’adapter et donc survivre.
La conversion des fonds littéraires en numérique est déjà en cours, fortement encouragée par les pouvoirs publics.
J’en parlerai prochainement dans un article.
Bonjour Thierry,
Je me demande encore pourquoi le journal en papier existe encore. C’est vraiment un gaspillage de papier et il y en a des tas de ces journaux quotidiens distribués gratuitement qui jonchent le sol du métro de Montréal (où j’habite- pas dans le métro – dans la ville!).
Je serais d’accord pour éliminer ce gaspillage de papier et cette pollution visuelle. Nous sommes à l’heure d’internet.
Quand aux livres traditionnels, je me demande ce qui arrivera aux inconditionnels des livres en papier. Ça ressemble à l’époque pas si lointaine où le CD a remplacé le disque de vinyle et qu’il n’était plus possible ou presque de trouver de ces disques. ET il a bien fallu s’acheter d’autres disques et un lecteur CD…
On ne voyait que le CD dans les magasins… plus de vinyles. mais le vinyle revient…
Bonne journée!
Sco!
La question de la survie du journal en papier, je me la pose tous les jours. Et je crois que les éditeurs de journaux se la posent aussi. D’ailleurs, ne survivent-ils pas encore grâce aux nombreux cadeaux qui accompagnent leurs quotidiens ? Seraient-ils encore présents sans cet artifice ?
Abreuvés de news à la télé, la radio, Internet, e-mails… acheter un canard en papier a-t-il encore du sens ?
Sauf en hiver où le journal rendra quelques calories dans la cheminée… combustible à très faible rendement…
Thierry, un lecteur me disait l’autre jour qu’il adoptait les nouvelles technologies – type livre numérique – mais que son amour des bibliothèques, du livre papier, des belles reliures était intact.
Je le comprends !
Bonjour Jean-Luc,
Je suis parfaitement en phase avec ça. Rien de tel que de tenir un vrai livre dans les mains. Tourner les pages, effleurer le grain du papier. Quant aux bibliothèques, il y en a de si incroyables. Ces briques de savoir, alignées sur des planches de bois noble, créent une atmosphère qui inspire le respect.
À bientôt
Alors là au risque de me faire vilipender par les plumes précédentes, mon Cher Thierry, rien ne remplacera jamais pour moi une page de livre qu’on tourne, l’odeur du papier, le plaisir de l’avoir entre ses mains…
Je n’ai aucun plaisir mais vraiment aucun à « feuilleter » les pages de mon IPAD, ça me barbe franchement
Je ne crois pas que les livres papier seront jetés aux ordures de si tôt. Du moins je le souhaite car mon « addiction » à la lecture se verrait sevrer du jour au lendemain.
Une addiction que je revendique
Bonjour Sylviane,
J’avoue que la lecture d’un e-pub sur un iPad (mais c’est valable sur toutes les liseuses) me barbe aussi. Il y a encore tant d’aspects à améliorer pour que cette expérience de lecture puisse un jour rivaliser avec la lecture d’un vrai livre… Si cela arrive un jour !
À bientôt
Thierry, ta réponse me surprend.
On peut aimer les « vrais » livres, comme toi et moi, et rester béat d’admiration à la lecture d’un e-pub sur iPad.
Ce que je viens de découvrir.
Et même si le format e-pub 3 est encore complexe et en rodage, parcourir un livre au format 2 m’a convaincu.
Simple témoignage 🙂