C’est un grand classique, la peur de la page blanche touche un très grand nombre de personnes, dès qu’il s’agit d’écrire une lettre vitale, un article polémique de blog, une nouvelle de concours ou le roman de sa vie. Pourquoi ce blocage ? La réponse la plus classique se lit dans les qualificatifs des exemples précités : attribuer une trop grande importance à la tâche à accomplir.
C’est une évidence, s’imaginer que cette lettre à écrire est une question de vie ou de mort mettra sur cette tâche une pression insupportable. Idem si pour chaque article de votre blog, vous vous dites que mal écrit, il pourrait enterrer ce dernier définitivement.
Nous sommes conditionnés depuis notre plus jeune âge, par notre famille d’abord, à l’école ensuite, à viser la perfection. On nous a mis la pression, car elle est censée faire avancer. La réalité, c’est que trop de pression tue l’action. Et si elle ne la tue pas, elle rend notre travail moins agréable, nos tâches exécutées dans de mauvaises conditions.
On ne prend jamais de bonnes décisions dans la panique, notre jugement est faussé s’il est impossible de réfléchir dans la sérénité.
Devant un obstacle en général, et devant la page blanche, en particulier, garder son calme, poser un regard serein et rationnel, agir en connaissance de cause permet d’atteindre son objectif sans souffrance. En d’autres termes, les obstacles s’abattent plus facilement quand, en toute circonstance, on arrive à rester Zen.
Facile à dire ? Pas tant que cela. Si cet état d’esprit ne vous vient pas naturellement, quelques astuces et un peu d’entraînement suffiront pour y arriver sans trop de difficultés.
Parmi de nombreuses recettes, je privilégie 3 principes pour rester zen avant de commencer à écrire.
- Dédramatiser l’objectif.
- Visualiser l’objectif.
- Papoter sur le sujet.
Analysons ces 3 clefs en détail.
1) Dédramatiser l’objectif
Trop de pression ne vous aidera pas à avancer. Donner une importance disproportionnée à une tâche est le plus sûr moyen de vous paralyser. On ne manipule pas n’importe comment une bombe, on tient à la vie. Mais est-ce vraiment une bombe ? Risque-t-elle de vous exploser à la figure ? N’y touchez surtout pas ! :-O
Soyons sérieux, les situations dramatiques ne le sont généralement que dans notre tête. L’être humain est un animal étrange, capable de s’inventer des difficultés qui n’existent que dans son imagination. L’imagination c’est merveilleux quand elle nous fait avancer. Il faut la reconnaître aussi quand elle nous dessert.
Votre tâche n’a certainement rien de dramatique. Il n’y aura pas de fin du monde si elle n’est pas parfaite. Vous l’exécutez pour vous amuser, rien de plus. Votre vie n’est pas en danger, votre réputation n’est pas en jeu. Exécutez-la simplement en faisant raisonnablement de votre mieux et personne ne vous exécutera à la vue du résultat.
Détachez toute connotation dramatique de la tâche à effectuer, et vous ressentirez aussi un détachement de votre moi envers les innombrables, mais ô combien virtuelles conséquences néfastes qui ne peuplent que votre esprit.
Dans la plupart des cas, ce sont des conséquences bien plus agréables qui résulteront de vos actes. Rappelez-vous en permanence qu’il est parfaitement stérile de s’inquiéter pour des problèmes qui n’existent pas encore… et qui dans la plupart des cas n’existeront jamais.
2) Visualiser l’objectif
C’est bien connu, on ne navigue jamais mieux qu’en terrain connu. C’est vrai pour la conduite, mais on l’oublie souvent, c’est une vérité universelle dans tous les aspects de la vie. Souvenez-vous de votre premier rendez-vous d’affaires… premier rendez-vous galant… la première fois que vous avez eu la responsabilité d’un dossier important… Toutes les premières fois sont stressantes, mais avec un peu d’expérience, ça roule, on est confiant.
C’est la peur de l’inconnu qui nous stresse, et on ne se sent jamais si bien que chez soi, sur son propre terrain.
Oui, mais, me direz-vous, que faire pour ne pas stresser lorsqu’on doit précisément s’aventurer en terres inconnues ?
C’est simple, rien n’empêche de s’imaginer ce qu’on ne connaît pas. Lorsqu’on s’attaque à une tâche inconnue, on ne le fait généralement pas sans filet. On se documente, se renseigne. On en parle. Si on décide de faire une chose, l’idée n’est pas tombée du ciel. S’il s’agit d’un travail en entreprise, on l’a reçu d’un supérieur, ou de son équipe, avec quelques détails et au minimum des pistes pour investiguer.
Quel que soit le problème abordé, il est sage de se documenter (et Dieu sait combien Internet est une source inépuisable aujourd’hui pour récolter en un temps record une somme astronomique d’informations), de structurer un plan, de visualiser l’ensemble des données et d’imaginer le résultat final.
Plus la visualisation de l’objectif sera précise, plus facile sera le trajet pour y arriver. Vous déambulerez en terrain connu. Même si la réalité vous mène où jamais vous n’aviez mis les pieds, vous procéderez de A à Z en gardant cette vague impression de déjà vécu, en mettant vos pieds dans les empreintes de pas que votre imaginaire puissant aura laissées sur la route.
3) Papoter sur le sujet
Voilà une bien curieuse méthode et pourtant elle est une habile mise en pratique des deux premiers points, avec une aide extérieure qui peut venir de l’intérieur…
Le mystère est total ! 🙂
Qui n’a jamais désiré parler à un ami quand il avait quelque chose sur le coeur, un problème à résoudre, l’impression d’être dans une impasse ? Parler à une oreille attentive est extrêmement utile et souvent à l’origine de solutions. Ces dernières ne viennent pas forcément du confident, car le simple fait d’exprimer un problème oblige à le définir, le structurer. Cet exercice de clarification du problème suffit souvent à révéler les solutions cachées.
Avoir une conversation agréable avec un ami est aussi décontractant. On se sent bien, le stress s’estompe. Argumenter, contre-argumenter, dans une atmosphère sympa est fertile en solutions, nouvelles pistes. En papotant, on voyage à deux en terrain connu vers l’objectif, qu’on peut visualiser ensemble (cf point 2) et dans la convivialité, on dédramatise l’objectif (cf. point 1). Tout bénéfice.
Mais voilà, l’ami en question n’est pas en permanence sous la main, et certains n’ont même jamais rencontré de confident idéal. Comment faire sans cet autre, ce miroir de la pensée… Car c’est bien d’un miroir qu’il s’agit. Comme dit un peu plus haut, le simple fait d’exprimer le problème suffit souvent à dévoiler des pistes salutaires.
Alors, pourquoi ne pas travailler directement en miroir ?
Imaginez-vous un « interlocuteur idéal ». Look sympa, visage compréhensif. N’hésitez pas à l’affubler de tout ce qui vous rassure chez l’un ou chez l’autre… la patience de Pierre, le raisonnement de Paul, l’intelligence de Jacques… le visage affable d’Arthur…
Composez-vous un partenaire de discussion idéal, comme vous le verriez dans un bon thriller psychologique, un acteur de votre esprit.
Parlez-lui, dialoguez avec lui. Imaginez ce que cette personne vous répondrait si vous lui exposiez votre problème. En confiance. Il ne vous jugera pas, ne vous dénigrera pas, ne vous trahira jamais. Il est une émanation pure de votre esprit.
Vous vous insurgez ? Je vous entends me traiter de fou… Comment, vous n’êtes pas schizophrène ? Vous n’entendez pas de voix dans votre tête ?
Mais qui vous parle de ça ? Un schizophrène (plus spécifiquement souffrant de personnalités dissociées, ce qui n’est pas, et de loin, le cas de tous) croit dur comme fer qu’il y a quelqu’un d’autre dans sa tête… Vous pas. Vous savez évidemment que vous faites les questions et les réponses.
Ne vous arrive-t-il jamais de savoir, ce qu’une personne vous répondrait si vous lui posiez telle ou telle question ? Même si cette réponse est différente de votre point de vue ?
Bien sûr que si. Nous, humains, avons cette faculté d’empathie qui nous permet de prévoir ce qu’un autre pourrait ressentir ou penser dans une situation donnée.
Il n’est alors pas difficile d’entamer en votre for intérieur, un dialogue mental entre vous et votre personnage imaginaire, discussion qui vous permet, de traiter un problème sous tous les angles, sans stress.
Vous vous surprendrez très vite à entendre « l’autre » vous proposer des choses auxquelles vous n’aviez pas pensé de prime abord. Bien sûr, c’est « vous » qui lui placez ces réponses dans la bouche, mais… chuuuut. Laissez opérer la magie. Vous serez surpris du résultat. Et puis, il y a plus d’idées dans deux têtes que dans une… même si l’une d’elles est incluse dans l’autre.
3 méthodes pour rester Zen
Pour résumer, la prochaine fois que vous vous sentez envahi par l’angoisse devant votre page blanche, qu’elle soit lettre, historiette, article de fond ou déclaration d’amour, pensez à appliquer ces 3 principes qui vous aideront à rester zen et à coucher sur papier le résultat décomplexé de vos cogitations. Visualisez votre but, tracez mentalement votre chemin, et parcourez-le en discutant agréablement avec un ami, imaginaire ou non.
Bien souvent, vous serez surpris d’arriver si rapidement au but tout autant que du chemin emprunté. Mais dans tous les cas, vous retirerez autant de plaisir du voyage que de sa destination.
Voyagez Zen, pour une destination Zen.
Thierry
Bonsoir Thierry,
Heureusement, pour le moment le syndrome de la page blanche ne me guette pas.
Par contre lorsque j’ai un véritable objectif, je garde dans mon viseur son aboutissement que je visualise avec enthousiasme comme si c’était déjà atteint.
Oui Hannah. La visualisation créatrice est une méthode d’une puissance incroyable.
Comme si le but était déjà atteint, virtuellement… le parcours pour y arriver n’est plus que détails.
Pas facile à mettre en oeuvre, mais quand on y arrive… 🙂
Bonjour Thierry,
Merci pour ces conseils, car il m’arrive régulièrement de ne pas trop savoir quoi écrire.
La méthode que j’ai trouvée est d’utiliser la technique des cartes mentales, mindmapping en anglais.
Ça me permet de poser mes idées dans un premier temps.
Il m’est ensuite plus facile de passer à la phase de rédaction.
Prends soin de toi
Luc Mister No Stress
Bonjour Luc.
Tu as mille fois raison. Lorsqu’on est visuel, les cartes mentales sont un support de grande valeur. Et dans la continuité de l’article, avec elles, tu définis une topologie de ton problème… une carte du terrain que tu parcours ensuite jusqu’à ton objectif. Ce chemin-là est particulier… plus arborescent que linéaire 😉
Bonjour Thierry,
Je n’ai jamais souffert de ce syndrome, mais je trouve tes conseils passionnants parce qu’ils me semblent pouvoir s’appliquer à chacune des décisions de vie que nous avons à prendre !
C’est génial. Merci et à bientôt !
Merci pour ton enthousiasme. 🙂
Des conseils centrés sur mon domaine, mais étendus à la vie de tous les jours permettent de faire d’une pierre deux coups.
Thierry, le syndrome de la page blanche est inconnu au bataillon.
Visualiser son objectif est, en revanche, quelque chose de précieux.
Que je pratique au quotidien.
En prenant soin d’apprécier les étapes qui y conduisent, car là est le véritable plaisir…:)
Difficile d’atteindre sa cible sans viser d’abord 😉
Bonjour Thierry,
Pas de problème avec la page blanche mais un plutôt pour faire des articles plus courts sur mes blogs
Ça part toujours bien et puis je me rends compte que je n’arrive pas à tout dire en 500 mots, que me conseilles-tu ?
C’est un grand classique, mais il ne faut surtout pas freiner la phase d’écriture, au risque d’entrer précisément dans un blocage face à la page blanche.
Toujours se laisser aller lors du premier jet. Ensuite, il faut soigner la phase de relecture/élagage. C’est à ce moment que l’on perçoit les répétitions, les longueurs inutiles, les concepts en 3 phrases qui peuvent se dire en 2.
A la longue, si on s’applique à toujours bien élaguer, le premier jet devient progressivement plus compact, comme si inconsciemment on appliquait déjà la phase 2 pendant la première 🙂
Bonjour Thierry, je n’écris que quand j’ai l’inspiration, sinon je fais autre chose !
Par contre, parler à voix haute est quelque chose que j’ai pratiqué quand j’avais des soucis et que ça tournait en rond dans ma tête… Le fait de mettre des mots dessus permet de clarifier le soucis et les solutions apparaissent plus facilement.
zenie
Comme la parole est infiniment plus lente que la pensée, s’obliger à parler pour calmer le flux des pensées qui s’emballent est effectivement une bonne astuce. 😉
Bonjour Thierry,
Tes conseils me parlent vraiment, non pour le problème de la page blanche mais pour l’exécution de certains objectifs !!
Je vais marquer ça dans un coin de ma tête pour la prochaine fois. Le « dédramatiser » est fait pour moi…
@bientôt
Corinne
Bonjour Thierry,
La page blanche! Heureusement qu’elle est blanche la page, car si elle était noire, ce serait moins évident d’écrire et d’être inspiré!
Le blanc nous laisse toute la latitude pour y mettre nos couleurs.
Sages conseils que tu nous donnes ici et j’aime bien l’idée de papoter sur le sujet en autant qu’on ne dévie pas dans tous les sens… Tu sais comme ces conversations qui commencent sur un sujet et qui bifurquent un peu partout…
Amicalement,
Sco! 🙂
Bonjour Sco!,
Oui, les conversations qui se perdent, ça nous connait. Mais qu’elles se concentrent sur le sujet ou s’en éloignent, toujours elles nous détendent et nous permettent d’aborder ensuite le vide sans peur.
Sans oublier que, de bifurcations en virages autour du thème, c’est peut-être plusieurs pages au lieu d’une que l’on gribouillera de choses intéressantes 😉
Bonne année 2013 🙂
Commentaires stimulants…Jaimerais commencer rapidement, certains textes sont aboutis mais eparses ! mes plans d’ecriture semblent bien batis et pourtant je n’avance pas pour coordonner le tout !
A l’aide ! j’espère en cette treize-belle belle année Fuschia !
Bonjour Strega,
Belle idée sur ton blog ! J’adore la mise en scène des photos en métaphore de l’impasse et l’ouverture lorsqu’on change de point de vue.
Excellente idée de mettre en images les sensations d’un auteur face à son oeuvre, et belle démonstration du fait que « tout peut être scénarisé »
J’ai parcouru les textes et s’ils sont épars, ils sont malgré tout « bien ficelés » 😉
Fonce, ça en vaut la peine et ça m’a l’air ambitieux.
Et tiens-moi au courant. Je connais un éditeur spécialisé en Histoire et Romans Historiques.
Bonsoir Thierry,
Heureux de découvrir ton blog grâce à la lumineuse idée d’Olivier Roland ! Il nous a tendu la main. Si nous sommes 169 à nous serrer les coudes, nous allons tous monter dans les pages Google sur nos mots clés respectifs, et apporter plus de contenu à nos lecteurs. Pour ma part, j’ai apprécié ton article et je mets un lien vers ton blog sur le mien (http://www.full-wellness.com) dès maintenant, dans la page « sites partenaires » !
Bien cordialement,
Rémy LOUIS
Auteur de « Jeunesse illimitée »
Bonsoir Rémy,
Oui, la thématique m’a intéressé d’emblée et la richesse des nombreux articles est une valeur sûre. Je n’ai d’ailleurs pas fini de tout lire.
Merci pour ton appréciation.
À très bientôt