Quel temps fait-il dans votre histoire ?

Il y a un temps pour tout, dit l’adage, et c’est bien vrai qu’il existe un temps pour chaque usage, chaque situation, chaque perspective que l’on veut donner à une histoire. Nous sommes tous des passagers du temps, et si nous pouvons nous déplacer à loisir dans les trois dimensions spatiales, en faisant quand même attention à ne pas nous casser la figure en prenant de la hauteur sans filet 😉 ), nous ne sommes qu’un passager bien passif dans le train du temps qui file inexorablement sans conducteur. Pas de retour possible, impossible de prendre de l’avance, nous nous déplaçons sans aucun contrôle sur la ligne du temps, depuis notre naissance, jusqu’à notre ultime fin (pléonasme conscient, mais le fin du fin, n’est-ce pas la fin de la fin ?).

L’esprit, voyageur du temps

L'engrenage inéluctable du temps

L’engrenage inéluctable du temps

Si nos pauvres corps fragiles sont enchaînés à leur destin qui file, nos esprits, eux, ont le pouvoir de se déchaîner et de s’envoler vers de nouvelles perspectives ou de se réfugier dans nos souvenirs… même si techniquement parlant, notre vision du futur n’est qu’une extrapolation plus ou moins sensée de nos expériences passées dont nous devrions plus souvent tenir compte ce qui nous éviterait de reproduire les mêmes erreurs.

Ne dit-on pas que « Le passé est un présent pour le futur » ? Il faut croire que nous n’aimons pas les cadeaux (présents), étant davantage conditionnés par ce proverbe chinois: « L’expérience est une lanterne qui n’éclaire que le chemin déjà parcouru »

Nous avons la faculté de bondir mentalement dans l’avenir ou le passé plus ou moins proche, plus loin encore que la durée de notre propre existence. Ce pouvoir de la pensée se transmet évidemment aux mots et les livres sont donc capables de nous faire voyager dans l’espace, le temps et l’esprit d’un auteur, même mort ! Télépathie, téléportation, communication avec les morts et « chrononautisme » (© moi), tout ça dans un paquet de feuilles. Et dire qu’il y en a qui n’aiment pas lire !

Vous trouverez quelques articles intéressants sur les différents aspects du temps sur un site au nom étrange : Chronogenese, le portail du temps. En espérant que l’auteur développe ses sujets, car les différents angles de vision annoncés sont évocateurs.

Quel temps fait-il dans cette histoire ?

Lorsqu’on évoque un passé douloureux, on peut parler d’un « sale temps » comme s’il pleuvait dans les souvenirs. Cette proximité de la notion « du temps qu’il fait » avec « le temps qui passe » n’est pas innocente. Le temps qui passe doit être mesurable pour être perceptible par nos petits cerveaux. Depuis la nuit des temps, nous mesurons ce dernier par comparaison avec des évènements réguliers, cycliques, naturels d’abord, puis technologiques depuis que l’homme est l’homme… enfin, s’il est encore humain. Le cycle des saisons, du jour et de la nuit, le trajet apparent de la lune et du soleil dans le ciel, les chutes de neige ou la canicule, tous ces phénomènes nous ont donné des étalons objectifs, là où notre esprit a bien du mal à évaluer naturellement les choses. Notre temps est relatif, dépendant de notre activité, long si l’on s’ennuie, court si l’on court.

Cette proximité semble anodine, pourtant, chers écrivains, vous n’imaginez pas à quel point l’usage du temps combiné à situation météorologique peut renforcer l’immersion du lecteur dans un contexte réaliste. À ne pas négliger.

Le temps du choix: Passé ? Présent ? Futur ?

Pour l’écrivain, choisir le temps adéquat pour écrire son histoire est primordial.

Choisir le « mauvais temps » n’éclairera pas votre prose d’un soleil radieux. Il faut trouver le bon temps pour donner du bon temps à vos lecteurs. Et si vous n’avez pas du tout le temps, vous n’écrirez rien !

Le choix peut sembler trivial, le passé au passé, le présent au présent et le futur au futur. Lapalisse n’aurait pas dit mieux. Mais c’est oublier la richesse de la langue française (sa complexité débile, diront les grincheux), où l’on peut jongler avec le temps comme avec les personnes (voir les articles sur les narrateurs, sujets singuliers ou pluriels), sans compter toutes les nuances à ajouter selon la position du narrateur et de l’action sur la ligne du temps.

Dans les prochains articles, nous aborderons donc en profondeur les trois choix possibles pour les deux notions réelles (passé et futur) et leur intersection, invention immatérielle de l’esprit humain, car le présent n’est que le passage de l’un à l’autre. La durée du passé est infinie, comme celle du futur, mais le présent n’est qu’une vue de l’esprit qui n’a aucune durée, tout comme ce miroir apparent à la surface d’une eau calme. Il y a l’eau… au-dessus l’air… entre les deux, rien qu’une vue de l’esprit, un concept humain.

Nous aborderons donc dans les trois prochains articles :

Les temps du passé

Il existe plusieurs temps passés, pour différentier les nuances de l’action, accomplie ou non, et la position relative du narrateur et de l’action

Le temps présent

Le présent est unique, c’est maintenant. Mais comme déjà dit plus haut, la notion de présent est virtuelle et nous verrons que le présent s’utilise régulièrement pour le passé proche et le futur immédiat.

Les temps du futurs

Le futur est unique, mais se conjugue avec nuance. Nous aborderons donc les différents usages du temps futur.

  1. salut Thierry,

    Bon, là, maintenant tout de suite, à l’instant, je suis un peu pris par le temps.
    Si j’avais lu ça hier j’aurais pu commenter mais aujourd’hui, ça ne le fera pas.
    Quelle salade de temps (mayo).

    @+
    Christian.

    • Salut Christian,

      Quelle salade de temps, et quel temps faut-il pour faire pousser une salade ?
      Nous mettrons le temps à toutes les sauces (ou vinaigrettes) même si nous en manquons… de temps… je veux dire qu’on n’a pas tout le temps le temps qu’il faut (pas qu’il fait). Exemple, si l’on dispose bien d’un futur antérieur, où est donc le passé anticipé ? Sans doute perdu dans la spirale du temps. 😉

      À bientôt

      • Salut Thierry,

        Merci d’avoir pris le temps de me répondre.
        Sans vouloir anticiper, je ne doute pas que l’article suivant…heu non, je sais que quand il sortira je serai content, heuu, le passé anticipé, c’est quel temps?

        • Hello Christian,

          Le passé anticipé ? Disons que j’invente les temps qui manquent (il est vrai que le temps me manque souvent) dans la logique des choses.

          Un autre grand absent : à quel temps devrais-je parler de mon prochain article ? « Le présent procrastiné », pardi ! 😉

          À bientôt

  2. Bonjour Thierry,

    Si tu remarques ce que nous « pondent » les journalistes de la presse écrite ou tv maintenant pratiquement tous les récits sont au présent de narration on ne leur demande pas d’employer le passé simple mais tout est maintenant linéaire les profs de français doivent s’arracher les cheveux pour ceux qui en ont encore

    Je suis étonnée depuis déjà pas mal de temps par cette façon de faire et toi le fin lettré qu’en penses-tu ?

    • Bonjour Sylviane,

      Oh ! Je suis aussi révolté que toi par ce nivellement par le bas qui semble la règle aujourd’hui. On tire à boulets rouges sur la génération du zapping et du SMS, mais l’éducation nationale, dans tous nos pays dits « civilisés », n’en rate pas une pour saboter un enseignement pourtant si fondamental pour construire l’avenir.

      Je ne compte plus les fautes de français (et parfois de goût) des journalistes. Alors, pour ne plus risquer de fautes de temps, supprimons-les ! Nivelons la Timeline.

      À défaut de pouvoir un jour construire une machine à voyager dans le temps, supprimons passé et futur. C’est infiniment plus simple, d’un point de vue technique ! 😉

      À bientôt

  3. Bonjour Thierry,
    C’est vrai que je ne m’étais encore jamais posé la question du temps…
    En même temps en ce moment ma production littéraire se résume à quelques articles de blog.
    Merci pour cet article qui a un petit parfum de poésie.
    Prends soin de toi
    Luc Mister NO Stress

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