On a tout écrit ou presque sur la confiance en soi mais, réciproquement, l’acte d’écrire demande à son auteur une grande confiance en lui. L’écriture est et sera toujours à la fois « sujet » et « objet » selon qu’on le place en amont ou aval de ce qui semble couler de source. Ne l’oublions jamais, l’écriture, la vraie, pas celle de lettres de relance, est un vrai don de soi. Et se livrer à des inconnus qu’on ne croisera peut-être jamais de sa vie, exige une sacrée dose d’assurance… ou bien vous la procurera.
Qu’appelle-t-on « confiance en soi » ?
Tout comme on peut avoir confiance ou, au contraire, douter des autres et de leurs promesses, chaque individu aura une confiance relative envers lui-même selon le degré d’estime qu’il s’accorde. Il peut paraître étrange de ne pas « se croire » soi-même, de douter de ses propres engagements, des promesses que l’on se fait en sachant qu’on ne les tiendra jamais. Tout est question d’estime de soi et bon nombre de personnes se dévalorisent, se rabaissent, se considèrent en leur for intérieur n’être digne d’aucune confiance… au point de ne s’accorder aucun crédit personnel et, partant de là, de ne jamais prendre aucun engagement.
Combien de personnes autour de vous ne se lancent jamais dans des projets auxquels ils semblent pourtant si attachés, comme autant de rêves inaccessibles ? Ils partent vaincus, se convainquant qu’ils n’y arriveront jamais… Ou plutôt, ils « ne partent pas », ils restent là, les bras ballants. Le manque de confiance en soi est un géant qui terrasse les plus grandes ambitions humaines.
La confiance en soi comme prérequis ?
Alors qui sont ces écrivains célèbres adulés par un lectorat totalement conquis ? Des personnalités flamboyantes affichant une confiance en eux démesurée ? Des individus sûrs d’eux, n’ayant peur de rien, sachant tout planifier avec une certitude absolue, capables de vous donner, à la virgule près, le taux de progression de leur fan-club ?
Il n’en est rien ! Bien sûr, vous trouverez parmi les ténors des auteurs arrogants dont la confiance en soi déborde à en donner la nausée, mais ils font exception, car les auteurs sont très souvent des individus sensibles, troublés, pratiquant la remise en question permanente comme une profession de foi. Les auteurs qui doutent d’eux sont légion ce qui participe d’ailleurs à cette légende de l’écrivain malheureux. Mais comment font-ils pour se livrer au monde s’ils sont si farouches ?
« Je suis timide, mais je me soigne », voilà sans doute leur secret. Le meilleur moyen de combattre une phobie n’est-il pas de tout simplement se jeter à l’eau ? Comme ces artistes, acteurs ou chanteurs, qui face à des millions de fans vous apprennent au détour d’une interview qu’en réalité, ils sont hyper timides à en crever. Paradoxal, n’est-il pas ?
Chercher la confiance en soi
Combien de fois ai-je entendu, lors d’ateliers d’écriture, des participants dire qu’ils n’osaient pas se faire lire ? Il leur faut parfois déjà tant de courage pour écrire, il ne leur en reste plus une goutte pour se soumettre au regard des autres. Pourquoi ? Parce qu’ils estiment ne pas être à la hauteur, ils se croient trop nuls, ou simplement amateurs, indignes de passer sous les yeux d’un lecteur averti. Pourtant les petits bijoux que j’ai eu l’occasion de lire après avoir livré un vrai combat pour que leurs auteurs les laissent en pâture ne manquent pas. Le contraste est toujours saisissant entre la création et ce que son auteur en dit. Une chose est sûre :
Le manque de confiance en soi n’est pas du tout vendeur.
Une grande partie du travail d’animateur est d’aider l’auteur en devenir à trouver assez de confiance au fond de lui pour oser franchir des étapes successives. La première, écrire, est généralement déjà franchie puisqu’il vient en atelier pour cela, à de rares exceptions près, tant il est vrai que j’ai déjà rencontré des spécimens qui n’écrivent pas une ligne durant toute la séance. La seconde phase est plus ardue : se laisser lire par les autres participants. On peut opter pour des approches différentes : la mise en valeur… risquée si on n’a pas encore lu; ironiser en prétextant que les autres participants sont de toute façon aussi nuls que lui… au risque d’enfoncer les autres dans leur timidité; en dédramatisant la chose et rationalisant la démarche (il est venu pour ça, non ?), en cadrant bien le rôle de la lecture, d’apporter des éléments constructifs et pas pour porter un jugement sur la personne.
Bref, un peu de doigté saupoudré d’un minimum de psychologie et beaucoup de bon sens pour faire surgir de l’intérieur le peu confiance en soi à cultiver. Sauf accident majeur, chaque étape franchie permettra naturellement à l’auteur de se sentir plus en confiance. Écrire d’abord, ensuite être lu par des personnes proches; puis par des tiers, par exemple en atelier; ensuite encore sur des sites d’amateurs de lecture; pour finir en beauté par la publication d’un livre… et si tout se passe bien, un best-seller 😉
Pour augmenter sa confiance en soi, le regard des autres sera souvent un ciment permettant de faire tenir ensemble les briques de son image de soi. Cette méthode fonctionne par paliers, mais elle a un inconvénient : elle dépend des autres et si ces derniers ont parfois un regard défavorable, cela peut avoir un effet dévastateur. Combien de personnes vivent un blocage à l’écriture parce qu’une seule fois dans leur vie, quelqu’un les a vivement critiqués ou s’est moqué de leurs écrits ? Cela peut-être extrêmement douloureux et provoquer un repli sur soi handicapant.
Comment diable s’en sortir, retrouver sa confiance en soi sans dépendre du regard des autres ?
Bâtir une nouvelle confiance en soi
Retrouver une confiance en soi peut passer par le regard des autres, comme vu plus haut, mais avec tous les risques liés à cette dépendance. Et franchement, n’aimeriez-vous pas être totalement indépendant, pouvoir ne compter que sur vous-même pour vous sentir à l’aise ?
Se bâtir une nouvelle confiance en soi passe par le regard… non plus des autres, mais le sien ! Oui, le regard bienveillant que l’on porte sur soi-même est la seule façon de gagner confiance sans dépendre des autres. Et comment peut-on obtenir ce regard bienveillant alors même que l’on se sent si nul ?
Cela passe par deux notions essentielles :
1) Savoir qui on est
2) Être sincère
Savoir qui on est vraiment, cela peut sembler trivial, et pourtant combien sommes-nous à nous présenter tel que nous sommes vraiment ? Bien sûr, il y a les conventions, la politesse, certaines règles à suivre lorsque l’on vit en société. Ce n’est pas de cela que je parle. J’évoque ici le faux self cette personnalité factice, ce rôle que l’on endosse chaque jour pour s’intégrer parmi les autres parce que l’on pense que ce costume reflète ce qu’ils attendent de nous.
Tout ce que l’on obtient, à porter le costume d’un autre, c’est un air mal fagoté, un sentiment de manque de liberté de mouvement. À constamment se regarder faire en adéquation avec l’image fausse que l’on veut donner, il est impossible de se sentir à l’aise. Pire : On se ment à soi-même ! Alors comment voudriez-vous, dans ces circonstances, avoir confiance en vous ? Mission impossible !
Alors bas-les-masques ! Soyez vous même et, avant toutes choses, sachez qui vous êtes, quelles sont vos valeurs, ce qui vous intéresse, vous émeut ? De quoi vous fichez-vous éperdument ? Qu’est-ce qui vous fait vibrer ? Quels sont les gens qui vous ennuient, ceux qui vous font frémir ? Sachez qui vous êtes, comment vous fonctionnez, connaissez vos défauts, vos qualités. Et après ?
La sincérité ! Soyez vous-même. Agissez comme vous êtes et pas comme vous pensez que les autres le veulent. Dites ce que vous pensez et pas ce que les autres veulent entendre. Affichez vos opinions et non celles qui répondent hypocritement au politiquement correct. En un mot comme en cent, soyez sincère !
La sincérité se repère à des kilomètres. C’est valable dans tous les aspects de votre vie, et aussi particulièrement dans votre écriture. Pourquoi ? Parce que les paroles s’envolent, mais les écrits restent.
- Que viens-tu de dire ? Mais non, tu as mal entendu, c’est un malentendu.
- Qu’as-tu écrit là ? Mais non, tu as mal lu… Enfin oui, tu as raison, je l’ai écrit.
Écrire par la bouche d’un autre ne dupera personne. Le côté artificiel ne plaira pas et vous ne constituerez pas facilement votre fan-club. Mais écrivez tel que vous êtes, avec toute la sincérité dont vous êtes capable et vous obtiendrez en retour des réactions sincères, quelle soient positive ou non. Car il y aura aussi de sincères désapprobations, mais qu’importe puisque ce sera justifié.
« Il vaut mieux être détesté pour ce que tu es, plutôt qu’être aimé pour ce que tu n’es pas. »
Kurt Cobain
Le fin du fin, c’est que partant de l’idée que seul votre propre regard a de l’importance pour vous construire, votre sincérité vous vaudra rapidement un regard positif des autres… Tout bénéfice pour encore renforcer la confiance en soi. La boucle est bouclée. 🙂
P.-S. Cet article participe au carnaval d’articles organisé par le blog ex-timide sur le thème de la confiance en soi.
Et vous, cher lecteur ? Êtes-vous vous-même ? Avez-vous le sentiment de savoir qui vous êtes ? Et que pensez-vous de cette idée de se montrer avec sincérité pour renforcer sa confiance en soi ?
Bonjour Thierry,
Merci beaucoup pour ta participation !
Je retiens deux clés extrêmement importantes pour développer sa confiance :
1 – Savoir clairement qui on est. Définir nos valeurs, nos désirs, nos forces, nos faiblesses, etc.
2 – Être authentique, ne pas jouer de rôle. Ça ne sert à rien de se faire apprécier pour un masque qu’on n’est pas. C’est quelque chose que j’ai mis du temps à comprendre, mais qu’est-ce que c’est bon d’être sincère, d’être soi !
Bien amicalement,
Enzo
Merci Enzo,
C’est exactement cela. Ne pas faire semblant procure une sensation incomparable.
Comme disait Oscar Wilde : « Soyez vous-même ! Les autres sont déjà pris » 😉
Amicalement vôtre
Thierry
Bas les masques ! C’est ce que je retiens et ce qui me touche le plus dans ce que tu dis.
C’est cette sincérité, cette honnêteté qui nous donne confiance en nous quand on l’accepte. Parfois, on préfère ne pas dire les choses pour ne pas déplaire.
Quand on s’autorise enfin à dire qu’on s’en fout, ou qu’on aime, ou qu’on supporte pas telle ou telle chose, on commence à se sentir incroyablement puissant. C’est plus facile pour un acteur de le faire dans le cadre d’un entrainement, d’un exercice où c’est justement le but.
Dans la vie quotidienne, je suppose que ça commence par s’accorder le droit de déplaire.
Tu le bien dit, « Savoir qui on est » est essential pour pouvoir avoir confiance en soi.
Il existe certains mécanismes dans la confiance en soi, que si l’on comprend, peuvent être la clef vers le succès et la personne que l’on veut devenir.
Excellent article Thierry. Je connais ce blog depuis un petit moment déjà mais je n’ai jamais commenté. Il n’y a plus d’articles depuis un moment déjà donc j’en profite pour venir et dire que j’apprécie beaucoup ce que tu fais.
Ce que tu dis dans la fin de ton article, je le ressens. J’ai remarqué que, dans mes écrits fait au fil de la plume, sans scénario sans rien, il y a toujours le thème de la solitude qui revient d’une manière ou d’une autre. J’ai donc décidé de travailler dessus ^^
Et ou sinon, tu as raison d’écrire à propos de la confiance en soi (et, en creux, de la peur aussi). C’est un sujet omniprésent sur tous les blogs de littérature. C’est un sujet qui, je pense, touche énormément de monde. D’ailleurs, moi-même, j’ai eu énormément peur à mes débuts : j’ai désiré écrire pendant un an et demi, je n’ai rien fait, puis j’ai commencé il y a six mois, mais je n’ai partagé mes premiers texte que le mois dernier ! Et à chaque fois une peur horrible !
Tout ça pour dire : j’aime beaucoup ce que tu fais.
P.S : Mon article préféré est celui sur le sens de la vie