La muse est-elle seule source d’inspiration ?
Restons dans la tradition, même si les esprits cartésiens répéteront que toutes ces fables sur l’inspiration ne sont bonnes qu’à égayer les esprits naïfs de nos enfants. S’il est une chose admirable en littérature, comme dans toute oeuvre de l’esprit, c’est que l’on peut être fondamentalement réaliste et flirter malgré tout avec les muses, imaginaires ou non.
Les muses sont là pour nous souffler à l’oreille ce que nous croyons inventer.
Si vous vous dites que l’on ne peut insuffler des mots en inspirant, je rappellerai que c’est l’écrivain qui est inspiré… il inspire donc les mots insufflés par la muse. Brrr. Tout cela est si… coquin.
L’inspiration… aux abonnés absents
Mais les muses sont taquines, imprévisibles, revanchardes. Contrariez-les, déformez ce qu’elles vous inspirent, ignorez-les et elles ne tarderont pas à vous le faire payer. Pas en vous faisant une scène, non, cela serait trop… inspirant ! Elles se vengent en vous ignorant.
Et quand vous le remarquez, il est trop tard. La panne sèche. La muse s’étant barrée, vous ne savez plus à quel sein (pardon saint) vous vouer.
Attendre la muse en mode passif, ou chercher activement l’inspiration ?
Les auteurs inspirés sont-ils donc de vrais fainéants qui ne transcrivent que ce qu’on leur souffle à l’oreille ? Ce serait aller un peu vite en besogne. Non, écrire est dans tous les cas un travail demandant beaucoup d’abnégation. L’inspiration n’est que la toute première étape du processus complet, étape certes primordiale, mais pas unique.
Mais plutôt que d’attendre que notre muse revienne à de meilleure disposition à notre égard, il est possible de faire appel à d’autres créatures mythiques : Les sorcières.
Avec ces dernières, méfiance… Elles sont bien plus dangereuses, et faire appel à leur magie peut se retourner contre vous. Mais elles ont de la méthode, des formules magiques, des recettes secrètes pour votre inspiration. Et c’est tout ce qu’on leur demande.
Première étape : localiser les sorcières
Sorties tout droit de nos croyances anciennes, encore héroïnes secondaires de romans et films à succès, les sorcières sont-elles faciles à trouver dans le monde réel ? Je peux répondre par l’affirmative, car j’en ai rencontré quelques-unes le week-end dernier lors du salon du livre de science-fiction, fantasy, fantastique à Bagneux. Un vrai nid de sorcières, j’en ai croisé infiniment plus que des petits hommes verts.
Le titre de cette édition : « Bouillon de sorcières ». Voilà un programme alléchant, en phase totale avec ma quête d’inspiration.
En parcourant les allées, je me suis rappelé pourquoi ces genres réputés « secondaires » de la littérature se regroupent sous le terme de « littérature de l’imaginaire », car l’imagination est ici omniprésente, tant pour les décors que pour les costumes de mages, chevaliers, brigands, sorcières, fées ou gentes dames, les accessoires médiévaux, magiques, épiques, qui piquent, etc.
Seconde étape : interroger les sorcières qui ont volé les muses
Nul doute que les sorcières ont trouvé leur inspiration chez les muses, avec ou sans leur consentement. Ne jouez pas les preux chevaliers pour un sauvetage chimérique, rappelez-vous ce qui vous amène. Ouvrez vos yeux, vos oreilles, votre nez… Oui, oui, les sorcières concoctent de bien belles potions magiques sources d’inspiration.
Interrogez, parlez avec elles, amadouez-les. Mais ne vous limitez pas aux sorcières, côtoyez tout ce petit monde qui grouille d’idées. Faites-vous éponge pour absorber toute la créativité ambiante. On prend beaucoup de plaisir à dialoguer avec l’un ou l’autre auteur, apprendre des choses sur leur manière d’écrire, leur inspiration. Toujours observer comment font ceux qui arrivent avant vous.
Troisième étape : Muses et sorcières dans le chaudron
En intitulant ce salon « Bouillon de Sorcières », les organisateurs n’avaient sans doute pas envisagé ces dernières comme condiments. Mais à défaut d’avoir pu cuisiner suffisamment muses et sorcières, jetez-les dans le chaudron avec d’autres ingrédients de votre choix, pour faire prendre la marmite. Concocter une potion ressemble à s’y méprendre à la rédaction d’une oeuvre. Pour obtenir l’effet magique auprès de vos lecteurs, apprenez à doser les différents ingrédients. Lesquels ? Pensez au résultat escompté et la liste vous viendra… comme par magie. Vous voyez, ça commence déjà. 😀
Un petit roman policier ? Bouillon d’intrigue glauque, un nuage de brume matinale, un cri déchirant la nuit, une patte de cerbère armé, quelques poulets vivants, le rire de Tony le truand…
Une histoire à l’eau de rose ? Bonne base, jetez-y de longues et fines gambettes, quelques sourires pulpeux, des regards langoureux, un mâle fougueux ou timide (variante), un champ de lavande, quelques coquelicots, une lettre déchirée, un lit défait, et la suite vous appartient.
Si la technique du chaudron vous inspire, vous pourrez, comme les sorcières, préparer les condiments typiques dans des pots bien étiquetés pour un usage régulier plus aisé. Et vous complèterez cette collection d’outils littéraires à mesure que vous progresserez.
Certains animateurs d’ateliers proposent d’ailleurs des kits clef en main contenant des fiches plastifiées (plus facile que les pots pour le rangement) de personnages, de décors, de caractères, d’objets et de trucs scénaristiques.
Bien sûr, chercher l’inspiration de manière aussi « technique » peut sembler artificiel, mais comme en toutes choses, avec l’expérience et la répétition, tout devient plus naturel, allant de soi, et l’inspiration arrachée au début appelle tôt ou tard l’inspiration spontanée. Les muses reviennent et l’auteur peut enfin la laisser faire et se reposer… croit-il ?
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Bonjour Thierry,
C’est vrai que j’ai souvent du mal à trouver l’inspiration par écrit…
Par contre, si je suis en dialogue avec quelqu’un qui me pose des questions, ça me vient très facilement…
En fait, en écrivant cela, je me dis que si je simulais un dialogue, cela pourrait très certainement faciliter mon écriture.
Merci de cette prise de conscience.
Prends soin de toi
Luc Mister no stress
Bonjour Luc,
De là à utiliser un système de reconnaissance de la parole et « hop », du dialogue avec la muse à l’écrit sans intermédiaire… Plus de panne d’inspiration 😉
Intéressantes perspectives.
À bientôt
Bonjour Thierry,
Je cherche l’inspiration la nuit quand
je suis en panne. Entre sommeil et veille,
j’ai l’impression d’avoir accès à des
espaces plus vastes où les mots viennent
facilement.
Bonjour Hannah,
Là, tu sembles entrer en connexion avec la noosphère (selon les uns) ou tout simplement à ton subconscient dès lors que les barrières du conscient sont endormies.
Se connecter à soi est une puissante source d’inspiration.
À bientôt
Bonjour Thierry,
Personnellement, c’est souvent la lecture ou l’écoute qui font tilt dans mon esprit et me donnent soudainement plein d’idées. De quoi etoffer les articles mais pas que… 🙂
Bien amicalement,
Dorian
Salut Dorian,
Chacun a son canal privilégié pour l’inspiration, et la lecture est un classique. Comment ne pas être sensible aux idées que transportent les livres, tant d’univers, de personnages, de situations… Une vraie mine d’or, c’est vrai.
À bientôt
Salut Thierry,
l’inspiration, un mot qui fait peur surtout si on se fixe des impératifs de temps en terme de « production ».
C’est vrai que la muse nous trahit parfois et quand la muse ment, le sort sert à nous sortir de l’embarras (ouais bof, c’est le lendemain de la veille).
Bref, le sort que nous jette les enchanteurs de la littérature sont souvent les bienvenus, sans honte.
lire, lire encore et toujours, surtout dans le créneau littéraire que l’on a choisi ça entretien l’inspiration et quand elle nous manque, on est bien content de se remémorer l’une ou l’autre idée lue ailleurs.
Quand je lis un bouquin trop sérieux (ça m’arrive et parfois je me demande pourquoi) oups, ça cale, j’ai moins l’esprit à rigoler.
Mais si je lis un truc préparé à base de grosses louches de déconnades et bien la forme revient.
@+
Christian.
Bonjour Christian,
Oui, l’humour, ingrédient indispensable à mes yeux, tant dans la vie que dans l’écriture.
Ne pas se forcer à produire, au risque de tarir la source.
Comme je le dis souvent : « Ma muse m’amuse, mais m’use quand elle abuse » 😉
À bientôt.
Bonjour Thierry,
Je pense que la vraie inspiration, c’est le lâcher prise, où l’inconscient prend le dessus sur le conscient. En ajoutant à ça, une description des émotions et des perceptions sensorielles, et on peut jouer avec sa muse comme dans une danse.
Bonsoir Jean,
Oui, se connecter avec soi-même et danser avec la muse… belle image 🙂
Le lâcher-prise est effectivement primordial pour éviter de caler devant sa feuille.
À bientôt.
Bonjour Thierry,
J’ai beaucoup aimé ton article surtout le passage où tu parles d’aller rencontrer des sorcières !
J’en suis déjà une « petite sorcière » car je fabrique mes potions dans mon chaudron magique mais pour ce qui est de l’inspiration, elle vient souvent d’un coup sans prévenir !
Il m’arrive de bloquer sans pouvoir écrire un mot et d’un coup me viennent des tas d’idées mais… en vrac 🙂
J’ai du coup pas mal de brouillons et un vrai travail de « mise en forme » à faire ensuite…
Merci pour tes conseils qui me serviront certainement le jour où je serai prête à publier un livre !
Bonne semaine 🙂
Bonjour Nathalie,
Merci. 🙂
Quand les idées te tombent dessus pendant que tu prépares une potion, c’est un peu comme si les ingrédients se jetaient tout seuls dans le chaudron…
C’est magique 😉
À bientôt